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Machismo
En bonus, un petit extrait de mon rapport de stage (avec des ajouts pour le blog en gris)
« Machisme : idéologie où l’homme domine socialement la femme et où de ce fait il jouit de privilèges de maître. » Définition Larousse.
La récurrence du thème du machisme et des hommes argentins dans les précédents rapports de séjours m’avait interpellée. Persuadée que c’était un trait saillant et propre aux mentalités argentines, je m’étais préparée à une confrontation violente avec les machistes argentin(e)s … qui n’est jamais vraiment arrivée. Il me semble qu’être français et parler du machisme comme d’une particularité de l’Argentine c’est être ou très naïf ou très hypocrite sur la situation des droits des femmes et de l’égalité des genres dans notre propre pays. Balayons devant notre porte. Certes l'ancien DG de la FPVS a quand même sorti "Je ne m'imaginais pas un jour travaillé avec autant de femmes. Aujourd'hui, je me rends compte qu'on est presques pareilles." Gabriel, 35 ans, bac+6 ("iguales" peut signifier similaires et égaux. Par optimisme vis à vis du genre humain, j'ai opté pour la première traduction.) mais il suffit d'aller faire un tour sur le site viedemeuf ou dans n'importe quelle boîte française pour entendre le même type de discours. Certes l'IVG n'est pas (encore?) un droit mais le nôtre régresse perniscieusement avec la fermetures des centres dans les hôpitaux publics et les gynécos qui l'ouvrent alors qu'on leur a rien demandé (ma préférée: " Mais vous n'avez aucune raison de ne pas le garder! Encore si vous aviez été violée, je comprendrais, mais là..."). Et faut-il rappeler que la présidence de l'Argentine est assurée par une femme? Les argentins méritent un jugement plus nuancé.
« Reste en Argentine et épouse-moi. Je suis en école d’ingénieur, je peux prendre soin de toi ! » Cri du cœur d’un énième jeune dragueur du samedi soir.
Je crois que le machisme apparent de l’Argentine n’est pas lié à une idéologie particulière de non-respect de la femme mais plutôt à un contexte inégalitaire généralisé (inégalité sociales, économiques, genrées) ; car s’il est certain que le regard porté sur les femmes et la féminité est différent de celui des français, ce regard est très loin d’être misogyne. Le problème étant que la société argentine n’est pas une société misogyne mais une société hypersexuée. Plutôt que de mépriser la femme, on idéalise la féminité, ce qui est bien évidemment une autre forme d’oppression. Car l’idée que les argentins se font de la féminité est assez figée : souvent liée à la maternité, cheveux long (une fille avec cheveux courts sera expédiée dans la catégorie « lesbienne »), corps minces et seins avantageux (d’où la bonne santé du marché de la chirurgie esthétique), fragilité, besoin d’être protégée et rassurée. Dans la vie courante, ça donne une plus grande attention que ce que j’avais connu en France, ce qui implique plus de compliments, plus (trop) de drague, quelques demandes en mariage, mais aussi moins de vulgarité, plus de galanterie et des femmes enceintes ou avec enfants toujours assises dans les transports.
Ca donne aussi une jeune génération qui n’envisage pas l’amitié homme-femme (pour résumer de manière triviale, on pense d’abord « pénis » ou « vagin » avant de penser « cerveau » et « individualité ») et assez schizophrène. D’une part des filles qui n’oseront pas vraiment montrer leurs genoux en journée mais sortiront tout l’attirail de la féminité exacerbée la nuit (talons hauts, mini-jupe et t-shirt trop court) et danseront reggaeton*, tout en conservant une attitude de mépris envers les tentatives de conquêtes des hommes. D’autre part des garçons qui se sentent obligés de draguer à coup de chamuyo bien lourd et de belles promesses (et qui engendre finalement des situations assez cocasses et de bons souvenirs: l'autre fois, en boîte de nuit, je me suis faite demandée en mariage (le boulet s'est même agenouillé). Quand je lui ai dit que j'avais un copain et que dans deux mois, je partai le retrouver, sa réaction est venue du coeur (cf. citation ci-dessus). Epic fail. J'ai bien ri et lui ai tapoté l'épaule en lui disant que j'avais pas besoin qu'on s'occupe de moi, que j'allais probablement gagner au moins autant de sous que lui et que de toute façon, faire sa demande en boîte de nuit à 3h du matin et l'haleine alcoolisée n'était plus une technique de drague valable depuis 1922) mais fuient au moindre risque d'engagement.
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