La théorie de l'éponge
Je suis en train d'écrire mon rapport de stage Il est 18h (cet article a été écrit dimanche), je suis chez Juliette, en pyjama, le cheveu gras et NTM dans les oreilles, le mate et le cendrier fument, son colloc russo-américain (oui c'est possible) vient de nous faire des espèce de petits pancakes russes à la ricotta à tomber par terre pour le goûter et j'écris cette note sur le rapport de stage que je devrais être en train d'écrire.
Pendant que je n'écrivais pas mon rapport de stage, deux pensées me sont venues à l'esprit. D'abord j'ai complètement perdu l'habitude d'écrire dans un français formel et correct, sans faire de petite blague toutes les 2 lignes (il n'y a qu'à voir l'état de décrépitude littéraire de ce blog). J'ai passé 20 min à chercher un mot, pris la facheuse habitude des parenthèses et de l'ironie et perdu celle de rendre la réalité acceptable et modérée (quand "3 bières à la maison, 2 mojitos dans un bar et 3h de dancefloor déchainées" deviennent "le bouillonnement de la nuit portègne"). Je vais me faire une cure de franceculture pour remettre tout ça en place.
D'autre part, je me suis sentie comme une éponge. Une éponge qui se serait tranquillement gorgée de bruits, d'images, d'impressions, de conversations, d'ambiances, de lieux, de repas, de rencontres, de journaux télévisés, d'actualités. Et à qui on demanderait après 8 mois de se presser et se tortiller pour rendre tout ça mais de façon organisée et réfléchie. Or "les éponges représentent les plus simples des animaux pluricellulaires." Ce qui signifie ni système nerveux, ni conscience et une grande passivité. Donc une incapacité à formuler une pensée organisée. Pire, on exige le désengorgement avant la fin de la phase d'engorgement. Un bilan avant la fin de l'expérience. Je trouve ça très impoli.