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Mi vida portena, des nouvelles de Buenos Aires
Mi vida portena, des nouvelles de Buenos Aires
24 février 2011

Cartoneros

(Je suis désolée, je vous fais un mardi de l'argentin le jeudi, mais y'a pas mal de boulot en ce moment, on est en train d'organiser et de rédiger les applications à différents prix et sources de financement pour l'année 2011.)

Les chevaux sortent la nuit 

189461_CartoneroEn Argentine, le tri selectif dans les foyers n'existe pas. C'est une poubelle dans chaque maison, et le système de traitement des ordures jette tout dans la même décharge. Sauf qu'il existe des entreprises de recyclage de papier et plastique. Comment faire, donc, pour acheminer ce qui n'est pas trié aux usines de recyclage?

Entre 18h et 23h, la ville de Buenos Aires est parcourue par les cartoneros (ou "récuparateurs urbains" comme le gouvernement les appelle). Ils fouilles les poubelles de la ville pour récupérer cartons, plastiques, toutes les ordures recyclables, avec leur gros chariot ou leur charette tirée par un cheval squelettique, puis ils les revendent aux usines de recyclage. Parfois ce sont des familles entières qui viennent trier les déchets de la ville. A eux seuls, ils recyclent 12% des ordures portenas, soit 600 tones par jour. Puis les éboueurs passent et récupèrent le reste. 

La ville de Buenos Aires en recense 5000 mais ils seraient en réalité 8000 à parcourir les rues tous les soirs. Rien à voir avec les 40 000 (rien qu'à Buenos Aires) qu'on recensait en 2002, au lendemain de la crise. En 2001, la moitié de la population argentine se retrouvait au chômage, et beaucoup n'ont pas eu d'autre choix que de devenir cartoneros. Petit à petit, c'est un véritable commerce informel qui s'est développé.

El tren blanco

Depuis 2001, la société Trenes de Buenos Aires avait même mis en place des trains speciaux (appelés "trains blancs"), sans siège et avec abonnement, pour transporter les cartoneros et leur chariots des provinces pauvres jusqu'à la capitale. Entre 2006 et 2008, la société a cependant fermé peu à peu les lignes, jugeant "non-durable" "les conditions actuelles du service de transport et les cartoneros devront comprendre qu'il est dangereux pour eux de poursuivre l'utilisation du train de cartonnage pour transporter leur charriot" parce que "aucune norme internationale n'autorise le transport de personnes et de marchandises dans les mêmes wagons" (et parce que l'entreprise a du faire face à des pertes financières suite à des dégradations des voies et des trains) (Pagina12, 15 aout 2007

Vers la formalisation 

Suite à la décision de l'entreprise, les cartoneros manifestent pour la première fois dans la capitale, obligeant la ville à trouver une alternative aux trains blancs et à prendre conscience de la nécessitée de formaliser et d'encadrer le commerce des cartoneros. Petit à petit, les trains furent remplacés par un système de bus et de camions mis en place par la ville. Depuis 2008, la ville emploie 3000 cartoneros qui bénéficient d'une couverture santé, d'une cotisation retraite, d'un uniforme et de 500 pesos mensuels, à condition qu'ils ne déchirent pas les sacs poubelle pour ne pas salir la ville et qu'ils n'emploient pas le travail des enfants. 

De plus en plus, les cartoneros s'organisent en coopératives et en syndicats (dont le plus important, Movimiento de Trabajadores excluidos regroupe 2000 cartoneros de l'agglomération de BA) pour défendre leurs droits et réclamer des conditions de travail plus dignes. 

Je vous laisse regarder et écouter un excellent reportage du Monde sur la vie des cartoneros de Buenos Aires. Si vous êtes intéressés par la question vous pouvez aussi essayer de vous procurer le documentaire The White Train de Nahuel Garcia.  

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